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Silius
12 octobre 2014

le vol du Dragon

*

Notre navire avait maintenant contourné la flotte pirate. Nous entrions à grande vitesse dans cette zone de combat. La mer était en feu. Nos autres navires profitaient du blocage des pirates assaillis par les coups de rostres pour déverser de l’huile sur le bateau ennemi aussi bien qu’à la surface de l’eau, La chaleur était étouffante. La fumée noire et épaisse dégagée par l’huile qui brûlait commençait à former un important nuage qui nous irritait la gorge et nous aveuglait petit à petit. Les matelots qui ne ramaient pas remontèrent des dizaines et des dizaines de seaux d’eau qu’ils puisaient en mer, se frayant un passage entre mes hommes et leurs boucliers qui bordaient le bateau. Ces matelots arrosèrent copieusement les voiles et le pont afin de lutter contre le risque d’incendie, car des tirs ininterrompus de flèches enflammées attaquaient la flotte romaine depuis les navires pirates. La scène à laquelle nous assistions devenait de plus en plus irréelle.

À la chaleur se mêlait maintenant des bruits venus de toutes parts, au loin les cris des hommes au combat, plus près les va-et-vient continus des matelots pompiers, et au niveau de l’eau le bruit des rames frappant la mer pour donner de la vitesse au bateau. Il régnait un véritable vacarme capable de faire céder à la panique même le plus valeureux des hommes. Des flèches non enflammées pleuvaient sur le navire, mes légionnaires qui n’étaient pas sur les bords du bateau se regroupèrent pour former la tortue face à notre corbeau.

À l’avant, Kayden et ses auxiliaires se protégeaient et préservaient surtout le cheval comme ils le pouvaient. Silius ne bougeait pas, les flèches semblaient l’éviter et celles qui le touchaient rebondissaient sur ca cuirasse. Soudain, la proue de notre vaisseau frappa le premier bateau ennemi qui nous barrait la route. Notre navire avança toutes voiles dehors, et malgré le feu, notre vitesse était telle qu’à bord nous ne ressentîmes presque pas l’impact du choc. Nous avions décapité l’ennemi d’un coup sec, lui sectionnant la proue sans même être ralentis dans notre élan. Je contemplai alors le piteux spectacle du naufrage de la pauvre embarcation : amputée de sa proue, sa poupe en feu bascula vers les abysses avant que les marins à bord n’aient le temps d’esquisser le moindre geste pour se sauver. Je les regardai disparaître dans les flammes, ou se noyer dans une eau devenue bouillante, hurlant, criant de mille douleurs.

Et moi, je me tenais debout au milieu du bateau, glaive et bouclier en main, pétrifié par ce spectacle PS_20141012164247qui se déroulait sous mes yeux, par la tournure que prenaient les événements. Mais il me fallut rapidement réagir. Je levai et abaissai mon glaive, pour donner l’ordre à une vingtaine de mes hommes d’appl

iquer les consignes du Dragon de déverser nos jarres d’huile dans une mer déjà flamboyante.

Notre course infernale se poursuivait. Peu après, me voilà projeté au sol. La plupart des hommes du bord étaient aussi à terre. Le choc avec le deuxième bateau ennemi avait été d’une telle violence qu’un énorme fracas s’était fait entendre. Sous la violence du choc, le mat de la voilure de proue se rompit net. Notre voile avant ne tarda pas à plonger dans la mer devenue un véritable brasier sous le tir fourni de nos catapultes. Instantanément je me relevai, et me mis à courir en direction de mes hommes et du corbeau. Cette fois, l’ab

ordage était inévitable, et il promettait d’être terrible…

Mais je dus stopper net, stupéfait. Pas question d’aborder qui ou quoi que ce soit, nous avancions toujours, nous poursuivions notre route dans cette enfer ! Le choc n’avait rien arrêté : emporté par sa vitesse, notre navire a traversé le bateau ennemi en le coupant en deux purement et simplement !! La galère pirate était littéralement sectionnée en deux, comme les morceaux débités d’une pièce de viande sous le couteau du boucher.

Mais il y avait aussi des dégâts parmi nous. Plusieurs de nos hommes formant la forteresse étaient passés par-dessus bord. Certains gisaient coincés dans nos rames toujours en action, les autres brûlaient dans le brasier. Quelques rames s’étaient brisées lors du coup d’éclat. Instinctivement il me vint une pensée pour notre navis magister. Je plongeai mon regard vers la cale et essayai d’évaluer les dégâts auprès des rameurs. P

uis je relevai la tête pour observer la situation alentour. Cette fois, l’huile en feu avait épaissi le nuage de fumée, il était difficile de voir jusqu’où s’étendait le combat ou seulement distinguer combien de navires étaient engagés. Seuls les feux follets que faisaient pleuvoir un peu partout nos catapultes perçaient cet écran opaque et illuminaient un peu le champ de bataille.

Soudain, je me souciai de la proue de notre vaisseau et constatai que la voilure avant, le mat et d’autres morceaux avaient disparu. Silius n’était plus là non plus ! Le Dragon avait bien pris sa place ! Il était devenu la proue du navire. Il faisait cabrer sa monture ébène, sa spatha à la main droite. Les auxiliaires en cercle tentaient toujours de le protéger de leur bouclier, mais les flèches ennemies avaient cessé de pleuvoir. K

ayden tenait fermement d’une main la corde qui le liait à l’animal, légèrement fléchi sur ses jambes, et un bouclier dans l’autre main. Nous avancions toujours aussi rapidement, quand subitement une vision effroyable surgit devant moi. En effet, alors qu’autour de moi se dissipait l’épaisse fumée, j’aperçus une liburne pirate en travers de notre course. Je n’eus point le temps de prendre ma respiration que déjà se produisit la spectaculaire collision : notre rostre éventra les cales de l’immense galère ennemie.

À l’instant même de l’impact, Silius fit sauter son cheval sur le navire ennemi, entraînant avec lui Kayden, toujours attaché. À vrai dire, ce ne fut pas un saut mais le vol en piqué d’un aigle qui s’abat sur sa proie.

À peine eut-il abordé que le Dragon se mit à distribuer des coups d'épée en tous sens sur l'adversaire plus rapide et plus nombreux qu'un essaim de frelons. D’un coup de sifflet, j’ordonnai aux matelots d’abaisser le corbeau. En quelques secondes, l’immense et large passerelle de bois s’abattit sur le pont adverse. Au son de mon deuxième coup de sifflet, les hommes toujours en formation de tortue se mirent à courir pour porter secours à leur général. Je me précipitai à mon tour au milieu de la mêlée. La poupe de la liburne était en feu, un de nos projectiles avait fait mouche. Nous progressions rapidement, et, même si la vaillance et la force des pirates à combattre me confortaient dans l’idée qu’ils étaient certainement des mercenaires, et pas de simples pirates côtier

PS_20141007203646

s, ils ne pouvaient rien face à l’entraînement et aux techniques de combat de mes hommes.

Nous n’étions à présent plus bien loin du Dragon, Kayden était toujours vivant, il n’avait plus de bouclier mais avait ramassé l’épée d’un de ces barbares et combattait toujours pour protéger le cheval. Mais, malgré l’acharnement de Kayden, du sang tachait la robe noire de la monture. Silius abattait toujours son épée sur tout ce qui se présentait à lui, décapitant, déchiquetant ainsi chacun de nos ennemis. Le sang éclaboussait l’armure du cavalier à chaque fois que son épée taillait et fendait dans la marée humaine. Il n’était plus le légat en armure brillant de mille feux, il était la bête immonde qui se repaît de ses proies.

L’arrière de la liburne était en flammes maintenant, nombre de ses pirates étaient désœuvrés. Quant à l’avant, qui avait pris l’eau à cause de notre rostre, il piquait du nez vers le brasier de la mer. Seul notre corbeau semblait la tenir à flots.

Je me tournai à nouveau vers notre général. Silius avait tranché le lien le rattachant à Kayden, et se mit à galoper à la poupe en feu de la galère pour dépecer de sa spatha le dernier survivant. Puis il cabra le cheval au milieu des flammes et montra à tous le corbeau, nous intimant l’ordre de retour.

La manœuvre de repli fut rapide et ordonnée. Le corbeau fut relevé lentement par nos matelots. À cet instant précis, le navis magister commanda aux rameurs le retour en arrière. Le rostre s’écarta lentement du flanc de la liburne, ouvrant ainsi la voie d’eau fatale en guise d’estocade finale.

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