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Silius
30 octobre 2014

Pourquoi Pas !!!!

Pourquoi Pas !!!!
Bonjour tout le monde ! Je cherche des personnes qui seraient Intéressés par un shooting photo. Afin,d' interpréter les héros du Roman Hibernia ! Il y aura bien sûr le fameux Silius, un des personnages-clés du Roman ! Mais beaucoups d'autres persoonages...
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22 octobre 2014

Questions -- Réponses

Qui est donc Silius ?

Silius est le léga de la neuvième légion. Légion appelée également Hispana.  Pour simplifier il commande cette légion.

Il est aussi le Dragon !!!

Pourquoi Le Dragon ?

Ce surnom provient de son casque, et que  ses ennemis périssent par le feu.

Cet animal de légende, représente également le pouvoir suprême. Il semble indestructible.

Est-il sous les ordres de Rome et son Empereur ?

Bien sûr !  Bien-que !

Aux premières phrases de ce récit ou est Silius ?

Silius est sur l’ile Hibernia (l’Irlande).  Apres avoir affronté des pirates, lui et sa légion ont échoué au sud de l’ile. Lors des premiers chapitres de ce  livre, nous découvrons qu’il encercle un oppidum celte (petite ville fortifier). Nous allons  faire connaissance avec celui que son ami appelle le Dragon. Un ami prénommé Maximus. Un ami qui est à présent encerclé par le dragon et sa neuvième légion !!!

Ce livre, Hibernia, est-il  l’histoire d’une amitié mise à mal ? Est-ce le récit d’une trahison ?

C’est une des nombreuses questions que  se posera le lecteur.   ‘’Y-a-t-il eu trahison ‘’  Ce même lecteur se demandera, en découvrant les nombreux personnages, qui jalonnent cette fiction : Qu’est-ce que la trahison.  Se livre, humblement,  montre  aux lecteurs qui nous sommes. Ni complètement bon, ni complétement mauvais. Que les bons et les méchants n’existent pas. Et surtout que cette dualité, le bien, le mal, ce dogme   régissant notre vie, n’est qu’un leurre. Un mensonge, que nous nous récitons chaque jour. L’humain ne peut être scindé en deux. Il est un tout.

Silius existe-t-il ? Silius était-il réellement le léga de la neuvième légion ?

Hibernia est une fiction. Ce livre est un roman historique. Cette chronique, joue avec l’Histoire et son grand H. Pour peu que l’on connaisse la réalité des faits historiques.  Car les technologies modernes, ont offertes à l’archéologie, des outils lui permettant de remettre en question certaines vérités absolues  du passé. Silius est l’un de ces personnages imaginaires, qui comme les faits se mixte à des personnes et des faits historiques.

Quel sont ces personnages et ces faits historiques ?

Des empereurs romains du premier siècle de notre ère : Auguste, Tibère, Caligula, Claude et leurs Proches parents. Livia, Livila  exct… et Séjan !

Des lieux historiques : Rome, et son Palatin, Lugdunum (Lyon),  Aquincum (Budapest), La Pannonie (Hongrie), et bien sur Hibernia (l’Irlande) .

Les faits  historiques : La neuvième légion, l’invasion de Britania,  La condamnation à mort de Séjan…

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21 octobre 2014

Discours de Silius

Silius, debout devant ses hommes, imposa le silence d’un simple geste du revers de la main. Tous les murmures s’étaient tus, anéantis par la solennité du moment. Chacun pressentait confusément combien les paroles qu’ils allaient entendre changeraient le cours de leur existence. Alors Silius parla, d’une voix forte et autoritaire :

« Aujourd’hui est un grand jour. Aujourd’hui, c’est une grande nouvelle que je dois vous annoncer. Je vais vous apprendre quelle destinée vous a promis Jupiter, par la voix de notre empereur Tiberius Claudius Drusus en personne. Un tel destin est si grand, si glorieux, qu’aucun temple ne sera jamais assez colossal pour le célébrer.

Aujourd’hui, par la volonté impériale, je me tiens face à vous en tant que légat de la neuvième légion. Ce n’est plus en frère d’armes que je m’adresse désormais à vous, car je ne suis plus l’aîné assurant les pas de son cadet. Non, je vous parle maintenant comme un père parle à ses fils. Ici en Pannonie, à Aquincum, je serai le père qui vous indiquera le chemin à suivre, le chemin d’une vie juste, bienfaisante et glorieuse vers laquelle chaque bon père romain doit guider ses fils.

Oui, avec moi vous emprunterez la voie glorieuse qui vous couvrira d’honneurs, et dont Rome vous sera reconnaissante pour l’éternité ! Soldats ! Vous tous : décurions, centurions, légionnaires, cavaliers, auxiliaires, mes fils ! Cette route commence ici, à Aquicum. Et bientôt ce sera sur l’île de Britannia que nous célèbrerons nos victoires et préparerons notre triomphe. Britannia, vous avez bien entendu ! Cette terre de maléfices, ensorcelée, envoûtée, prisonnière enchaînée par une religion obscure tenue par ces suppôts du mal qu’on nomme druides !

Vous vaincrez Britannia, pour l’honneur de Rome, votre mère à tous, qui est juste et bonne. Protégée par le lait nourricier de la louve qui allaita notre père à tous, Romulus, notre patrie ne peut supporter l’affront de cette Britannia débauchée, où les druides se délectent dans le cannibalisme et l’inceste !

Mes fils, écoutez votre père qui vous parle ! 
Fils ! Soldats ! Qu’y a-t-il de plus infâme que de s’accoupler en famille ?
Fils ! Soldats ! Qu’y a-t-il de plus horrible et bestial que de se nourrir de chair humaine ?
Fils ! Soldats ! Écoutez Rome votre mère qui vous supplie de libérer Britannia !
Fils ! Soldats ! Entendez ces paroles et obéissez en bons fils ! Libérez Britannia !

À partir de ce jour, de cet instant, votre vie est vouée à l’honneur et la gloire. L’honneur et la gloire de libérer Britannia.

Moi Silius, légat de la neuvième légion, je vous fais le serment de vous conduire à cette gloire ! »

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15 octobre 2014

Châtier les traitres

 

Maximus, qui avait été le dévoué serviteur d’Hispana, descendit au pied de la palissade. Là, il invita Daran, sa sœur, le druide et tout Celte disposant d’une autorité à le rejoindre. Il retira son casque, le posa à terre délicatement et souffla. Il plongea son visage dans ses mains pour le cacher, car il n’osait pas leur exposer le masque de la terreur qui avait imprégné ses traits. Puis, après un bref instant de réflexion, il prit la parole. Maximus se tourna vers Daran, qu’il fixait droit dans les yeux, dirigea la pointe de son glaive dans sa direction et dit :

« Que chacun de tes hommes se hâte et se prépare à combattre et mourir si nécessaire. Qu’ils aient en leurs mains serrées armes et boucliers et qu’ils ne quittent point des yeux chaque femme et enfant qu’ils croiseront. La vie de ces êtres faibles dépendra de leur vigilance. »

Puis, il dirigea son regard et la pointe de son glaive vers le chef et ses conseillers et ajouta :

« Silius ne brûlera pas le village cette nuit. Son intention est de vous envoyer des émissaires et une proposition. Mais il va d’abord prendre les garanties nécessaires pour que sa délégation diplomatique revienne vivante. Et il va vous montrer que refuser cette offre serait une pure folie. »

Tous le regardèrent, stupéfaits et interloqués. Irin, trop fébrile pour garder le silence, voulut en savoir davantage et pria son époux de tenir des propos plus clairs. Maximus ne put dire la vérité à celle qu’il aimait. Il se contenta de lui demander garder à l’esprit que la bête qui se tenait face à eux ne connaissait plus que la terreur et l’horreur.

Alors que dans la ville les centuries se préparait au corps à corps avec un ennemis toujours invisible, Daran et les siens rassemblaient sans ménagement femmes et enfants dans des abris de fortune ou des demeures plus solides. Le chef et ses conseillers étaient restés auprès des deux époux. Irin n’y tenait plus, ses questions ressemblaient à des hurlements de bête aux abois : « Que va-t-il se passer ? Que veut Silius ? Que va-t-il nous faire encore ? »

Maximus répondit en détachant lentement chaque syllabe de sa phrase, comme s’il en éprouvait la vive griffure : « Le chat va frapper son deuxième coup de patte… »

Alors le druide comprit que l’horreur qui se préparait ne pouvait être décrite. Usant de sa sagesse philosophe plus encore que de sa science médicale, il essaya de calmer Irin en lui prenant le bras droit doucement et questionna à son tour Maximus.

« Silius est donc le chat ? Et nous sommes la souris ? Mais ce chat a-t-il vraiment les griffes du dragon ? L’entaille de ce coup de patte sera-t-elle si effroyable que femmes et enfants y perdront la vie ? »

Maximus regarda le druide, avant de se saisir de son casque posé au sol et d’y enfoncer sa tête. Sa réponse fut aussi imagée que la question :

« Les plaies de ce coup de patte seront infimes, en comparaison de la purulente blessure morale qui suintera au moment où nous la panserons. »

Ses armes et son casque luisaient sous le ciel étoilé. Maximus restait droit et ferme sur cette terre balayée par les vents. À la surprise de son interlocuteur, il ajouta encore : « Toi, Druide, qui que tu sois, aussi grand philosophe que médecin, aide-nous dans cette épreuve. »

À ces mots la voûte céleste s’effondra sur le village. Le feu du Dragon, propulsé par de puissantes catapultes, s’abattit aux quatre coins de l’enceinte. Des milliers d’étoiles semblaient se décrocher des cieux et fondre sur cette colline. Au loin, les rivières de feu n’étaient plus que des volcans rejetant de la lave incandescente. Dans ces ténèbres, cette plaine qui fut jadis un jardin d’Eden s’éventrait et crachait ses entrailles sur les pauvres villageois. Courbés sur ces engins diaboliques, les démons s’activaient sans relâche. La lumière et la chaleur intense dégagées par tant d’activités cuivraient leur visage et leur torse. La sueur ruisselait sur le sol jusqu’aux pieds des gradés qui, éloignés de quelques pas, ordonnaient les manœuvres. La cadence des tirs ne cessait d’augmenter au commandement des ordres qui tonnaient à l’unisson.

Les injonctions traditionnelles « Tendez ; tendez ; chargez ; enflammez ; tirez : feu ! » se transformaient en « Tirez : feu ! Tirez : feu ! Tirez : feu ! »

À l’écart de ces forges de Vulcain, la légion d’Hispana adoptait une position martiale habituelle. En aval, étirés sur les trois quarts de la plaine, sans avoir franchi la rivière, les auxiliaires engagés et les mercenaires s’apprêtaient à une attaque frontale. De l’autre côté, illuminée par ce pilonnage de feu, la forêt dévoilait une cavalerie tapie dans sa touffeur. Sur les hauteurs, loin de ce funeste tableau, le légat contemplait son œuvre. Sous son masque mortifère, le dragon attendait patiemment l’heure où il s’abattrait sur sa proie.

Au village dévasté, hurlements, cris, sons de gong, de cloches et de cor d’infanterie se mêlaient aux sifflements des projectiles s’abattant sur leurs cibles. La terre tremblait sous l’impact du choc. Des incendies proliféraient jusque dans les recoins les plus isolés du village. Subitement et simultanément une pluie de flèches déferla sur les flancs sud et nord-ouest des remparts. Rapidement, des dizaines de grappins s’accrochèrent au haut de la palissade de ces côtés. Complètement recouverts de cottes de maille, des auxiliaires placés sous le commandement de Kayden, s’introduisirent et se faufilèrent très rapidement à travers le village. Après quelques minutes seulement, de sérieuses brèches avaient été incisées au nord comme au sud la palissade. À présent les sifflets retentissaient, signe que les centuries avaient engagé le combat contre les hommes de pointes et de métal. Dans ce chaos, le village ressemblait davantage encore à une fourmilière piétinée que les démons, goguenards, arrosaient de leurs jets enflammés. Maximus savait que Kayden serait auprès de ses auxiliaires, parmi cette horde d’hommes de fer. Il courut à leur rencontre glaive en main, hurlant à pleins poumons :

« Kayden, Kayden, je suis là ! Viens donc, Kayden, je suis là ! »

Irin et le druide le suivaient en courant eux aussi, bousculant et heurtant tous ceux qui se trouvaient sur leur passage. Dans leur course effrénée, ils apercevaient ici et là les hommes de fer qui disparaissaient aussi vite qu’ils étaient apparus. Ils se déplaçaient comme des fantômes avides qui ne laissaient pour toute trace derrière eux que des cadavres ou des corps mutilés. Arrivés au centre du village, Maximus, Irin et le druide stoppèrent leur course. À quelques mètres d’eux, des légionnaires en formation de tortue protégeaient des enfants sous leur carapace de boucliers. Mais émergeant subitement du réseau labyrinthique des venelles, les ennemis en cottes de mailles surgirent de toutes parts et encerclèrent les résistants. Le druide, aussi souple qu’un félin et plus rapide que l’éclair, décapita l’un des assaillants. Une gerbe de sang jaillit et la tête fit un grand bond avant de rouler au sol. Le coup fut si brutal que le visage de la victime affichait encore une expression de surprise. Maximus agrippa fermement Irin d’une main, et de son autre main il présenta à ces adversaires son glaive : il s’agissait clairement d’une invitation à entrer dans la danse. Le druide empoigna son arme à deux mains et porta le manche de celle-ci à la hauteur de son plexus. Les adversaires firent volte-face et prirent la fuite aussi rapidement qu’ils étaient venus. Au dehors, la gueule du monstre catapulte avait cessé de cracher ses flammes. Les fantômes avaient quitté les lieux, emportant avec eux de nombreuses prises. Maximus et le druide, toujours les armes à la main, se regardèrent. Le Romain semblait s’étonner de l’habileté de son frère d’armes, encore impressionné par la rapidité avec laquelle il avait manié son glaive, tandis que le druide était visiblement déconcerté par cette désertion inattendue des ennemis, alors qu’ils étaient en supériorité numérique. Ils n’eurent toutefois pas le temps de formuler leurs questions de vive voix, car Irin, s’étant libérée de l’étreinte de son mari, gisait au sol, accroupie dans une mare de sang. Dès qu’il la vit, Maximus, anéanti, laissa échapper son glaive des mains, et se laissa tomber lourdement sur cette terre qu’il maudissait : ses jambes ne le portaient plus. Il ne pouvait pas en supporter davantage. Ses yeux injectés de sang exprimaient une démence nouvelle, abreuvée du sang de l’ennemi encore humide sur son propre visage. Doucement, il plia ses genoux et prit le corps de la belle pour la relever tendrement. C’est alors seulement qu’il s’aperçut avec soulagement que le sang ne provenait pas d’elle. Elle tenait dans ses bras fermement serrés contre sa poitrine le corps inerte d’une femme égorgée. Maximus poussa un long soupir de soulagement. Irin de son côté demeurait prostrée, en larmes, recroquevillée sur le cadavre. Aucune force ne pourrait lui faire lâcher prise. Au bout de quelques instants, quand elle revint à la raison, elle appela, cria « Chearan, Chearan ! Elle obtint pour seule réponse les lamentations qu’Éole portait dans son souffle, comme une offrande remplie de pitié à la douleur humaine. Pas un centimètre carré n’avait échappé à ce Dragon dont la violence s’exprimait par le bras de Kayden. La lueur des incendies laissait apparaître un terrain où chaque rue, chaque ruelle, jusqu'à la plus petite venelle, était colorée de sang. Le sol était jonché de pierres grosses comme un poing serré, vestiges d’une pluie diluvienne initiée par les catapultes. Les stigmates et les plaies de ces ogives allaient rappeler à tous pour longtemps qui était le Dragon. Plus de la moitié des habitants se trouvaient estropiés d’une épaule ou d’une jambe, et certains étaient même trépanés à cause de ces projectiles. À ceux qui s’en étaient sortis indemnes physiquement, Silius avait inoculé la folie furieuse. Au sud de la palissade, Maximus et Daran vinrent constater l’envergure des dégâts. Ils découvrirent un monceau épars de cadavres, des jeunes guerriers celtes qui étaient morts au cours de l’attaque. Certains avaient le corps criblé de flèches, d’autres étaient privés de leur tête, qui avait dû rejoindre la forêt en contrebas. Dans ce chaos, la fureur retentissait par la voix presque inhumaine des rescapés enragés. Des mères hors d’elles-mêmes finissaient d’achever à coups de pierres les corps agonisants des soldats de fer ennemis. Elles les frappaient sans relâche dans des rugissements de douleur jusqu'à s’effondrer à leur côté, en larmes. Retournant à la palissade ouest, Maximus put voir ses légionnaires organiser les secours. Ils réquisitionnèrent chaque demeure épargnée par les flammes afin d’y établir un centre de soin. Toute personne valide était enrôlée pour contribuer à la prise en charge des blessés. Avec peu de moyens, les centurions déployèrent tout ce qu’il leur restait d’énergie pour porter assistance à ceux qui pouvaient encore être sauvés. Tandis que quelques soldats romains remplirent la sale besogne de libérer de leur souffrance les blessés à l’agonie. Avant qu’il n’eut pu atteindre la palissade, Maximus entendit les cris de femmes provenant du chemin de ronde. Il stoppa net sa progression et serra les poings. Il se doutait bien du spectacle qu’offrait Silius aux habitants. Pensant à Irin et les siens, il courut les rejoindre. Il faudrait trouver les mots justes pour calmer tout ce monde face à une telle horreur. Le maître avait œuvré, son art avait fait éclater toute la noirceur de son âme. Le ciel lui-même avait changé d’aspect, il était clairsemé d’étoiles étincelantes issues des centaines de feux qu’avaient allumés les auxiliaires. Face aux décombres fumants du village, des dizaines de croix s’élevaient. Des femmes et des enfants, le butin des soldats de fer, étaient crucifiés au sol à l’aide de cordages, et redressés pour être exposés aux yeux de tous. Sur le chemin de ronde de la palissade, les cris de haine et de vengeance des hommes rivalisaient avec ceux des mères reconnaissant leurs enfants sur les croix. Révoltés par cette épouvantable vision, des cavaliers celtes se massèrent près des portes du village. Un détachement de légionnaires se mit immédiatement en place, leur barrant le passage. Derrière leurs immenses boucliers et leurs pilums, ils tenaient à distance respectable des portes cette cavalerie prête à dévaler la pente qui les séparait des suppliciés. Sur l’une des dernières croix relevées par les démons, Irin vit le petit Chearan. La jeune femme hurla et tenta de rejoindre les cavaliers. Maximus chercha à s’interposer, mais le manche de l’épée de la guerrière heurta violemment le menton du Romain. Maximus fut presque assommé par le coup. Le second fut porté avec le plat de lame sur son casque. Le Romain était maintenant à genoux aux pieds de son épouse. Elle posa lentement le tranchant de la lame sur sa nuque et elle lui hurla :

« Retire tes légionnaires qui barrent nos portes ou c’est ta tête que je vais retirer de ton corps ! »

Maximus, sonné comme un boxeur, à genoux aux pieds de son épouse, redressa sa tête, ôta son casque, et présenta sa gorge. Quelques secondes s’écoulèrent. Irin leva l’épée à hauteur de sa tête, prête à la décapitation. Elle lui ordonna à nouveau de retirer ses hommes. Maximus, lentement, d’une voix douce, lui répondit :

« Au moindre battement des portes, au moindre mouvement de cavalerie, les croix sur la plaine s’embraseront. Comprends-tu ? Au moindre mouvement de nos troupes, des dizaines de mercenaires enflammeront ces crucifiés. Quand ta horde de cavaliers, tout courageux et vaillants qu’ils puissent être, aura atteint le milieu de la plaine, alors Kayden et sa cavalerie les encercleront comme les loups encerclent leur proie. » Maximus se releva et continua sa funeste description.

« Quand la cavalerie de Kayden, aidée de ses mercenaires, aura tranché, décapité, dépecé les trois quarts de ta cavalerie, de nos troupes, de quiconque se trouvera sur cette plaine, alors seulement, seulement à cet instant, Silius enverra sa cavalerie terminer le carnage. » Maximus se tourna vers tous les combattants avant d’achever son récit.

« Et quand Silius entendra le son des cors de ses cavaliers lui chanter la fin définitive des hostilités, le Dragon mettra son casque au masque d’acier et les catapultes embraseront durant plusieurs jours ce qui reste de ce village. Enfin, quand les pluies auront calmé l’ardeur d’un tel brasier, quand cette terre ne sera plus que cendre et vapeur, Hispana, la neuvième légion, pénétrera dans ce cimetière sans qu’aucun légionnaire n’ait eu besoin de dégainer son glaive. » 

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crucifié feu

14 octobre 2014

Hibernia .....Aux lecteurs!!

 

Hibernia

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J’aurais pu choisir de vous conter l’histoire de Claude, l’empereur romain qui succéda à Caligula au premier siècle de notre ère, mais d’autres l’ont déjà fait avant moi, en insistant souvent sur sa vie privée. Au contraire, mon récit se situe dans cette faille du pouvoir, dans l’ombre de Claude, à l’heure où l’on pense à sa succession. Tout commence quelques mois après ce débarquement sur l’île de Britannia.

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14 octobre 2014

Kayden

Couvert d’argent, brillant de mille éclats de lumière, Silius indiqua au barreur de contourner dans une première manœuvre nos vaisseaux puis de remonter sur le flanc droit de la flottille pirate.

Il descendit dans les cales à mi-hauteur du navire. Croisant et bousculant par la même Kayden qui, lui, remontait son cheval du fond de cale.

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Maximus s’interrompit brusquement et demanda au druide qui l’écoutait toujours :

« Mais au fait, tu te demandes peut-être, Druide, qui est Kayden ? Alors voilà : ouvre bien grand tes yeux, Druide, regarde-moi et surtout écoute-moi bien. Porte une attention toute particulière à ce que je vais te révéler à présent.

- Vois de toi-même Maximus, mes yeux sont grand ouverts et mes oreilles n’ont d’écoute que pour ton haletant récit. » Le druide était avide d’en apprendre davantage. Maximus enchaîna aussitôt :

« Kayden, Druide ! Kayden est le brouillard, Kayden est le vent qui précède le monstre ! Kayden est l’haleine du Dragon que tu humes à des lieues à la ronde ! Il est le souffle de la bête qui brûle ta nuque et te glace le sang. Kayden est comme Silius : il n’est plus humain. Mais surtout, Kayden est Maximus maintenant, car il a remplacé Maximus le jour où je devins Erween.

Kayden était un auxiliaire, un cavalier auxiliaire, et surtout un homme et un combattant sans égal. Imagine un gaillard de près de deux mètres aux épaules larges et puissantes, à la silhouette élancée et musculeuse. Les traits de son visage dur semblent avoir été taillés dans le roc, jusqu’aux fines entailles de ses yeux très allongés, presque bridés, rehaussés de pommettes saillantes. Kayden, par son physique impressionnant, a toujours inspiré la crainte et le respect. Mais un jour, il défia l’autorité de Silius en jouant aux dés avec un cavalier romain. Il en perdit sa monture d’ailleurs.

Car en ce temps-là, Silius avait interdit les jeux, parce qu’il voyait bien que les jeux appelaient à la boisson, ce qui causait bien des troubles et des disputes parmi les soldats, voire des affrontements meurtriers.

Quand Silius apprit que son interdiction de jouer avait été transgressée il décida d’un châtiment exemplaire pour les deux joueurs. Il fit mettre en croix le premier, un cavalier romain, pour servir d’ornement à un des vaisseaux amiraux. Toutefois, il ne le fit point mettre à mort, la vie d’un Romain de l’ordre des cavaliers ne doit pas être sacrifiée trop facilement. Non, il lui laissa une chance de s’en sortir vivant, pour peu que la traversée se fasse sans encombre ni obstacle.

Quant à Kayden, il commença par lui prendre sa monture, puis il en fit son esclave, un esclave chargé de surveiller, de soigner, de chérir ce cheval qu’il avait osé jouer et perdre un soir de beuverie. Kayden était un guerrier, un ancien chef de tribu, un roi ou je ne sais quoi venu des steppes de l’extrême Est de l’Empire. En faire un esclave était la pire des tortures. Lorsqu’il entendit prononcer cette sanction, il se mit face à Silius et lui offrit lui-même sa nuque.

- Plutôt mourir ! Voilà quels furent ses mots je suppose, compléta le druide, totalement captivé par le récit de Maximus.

- Mais Silius ne céda pas et le conserva comme esclave. Referme tes yeux Druide, et retourne sur cette galère. Imagine, si tu le peux, et comprends !

Comprends ! Comprends comment Kayden, qui était depuis lors réduit à cet esclavage humiliant, savait que ce jour-là, que cette bataille navale-là, était la chance, était le jour, où il expierait enfin sa faute, ou bien alors il mourrait. »

Silius était à mi-hauteur dans les cales avec les rameurs, il frappait de son glaive les charpentes afin de donner lui-même la cadence aux rameurs. Une cadence d’abordage, rapide et meurtrière.

Quand il eut en mains fermes les rênes du cheval, qu’il remonta sur le pont, avec cette monture couleur ébène, il vit que Kayden s’était encordé par la main gauche au collet de la bête, de sorte qu’il demeurait lié au cheval du légat.

Silius comprit immédiatement que Kayden préférait mourir plutôt qu’être esclave. Il comprit aussi qu’il se battrait jusqu'à la mort et qu’ainsi il protégerait le cheval et lui-même.

14 octobre 2014

Irin la déesse Celte

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Maximus vida sa coupe d’une seule gorgée.

« Nous ? Tu as dit nous ? Nous combattrons !? Depuis quand les druides s’intéressent au combat, à l’art de la guerre ? »

Le druide, découragé par la suspicion tenace de Maximus, soupira. À nouveau il fit une tentative pour répondre, mais avant qu’il n’ait pu prononcer un mot, issue d’un coin sombre de la pièce, apparut une femme. Maximus la regarda et lui fit signe de s’approcher. Quand elle fut à la hauteur du feu, les deux hommes purent la voir en pleine lumière : on eût dit une déesse celte.

C’était une nymphe guerrière jaillie du magma brûlant des entrailles de la terre. Sa chevelure rousse, presque couleur feu ressemblait à l’un de ces couchers de soleil qui clôturent chaque journée de cette île. Cette crinière épaisse, digne d’un lion, était rassemblée en de nombreuses tresses. Un éclatant diadème en or serti d’une imposante pierre précieuse ornait son front avant de disparaître sous sa chevelure luxuriante. Le noir profond et mat de ses pupilles donnait à son doux visage une agressivité de tigre. Les peintures de guerre de couleur bleu qui lacéraient ses joues achevaient de métamorphoser cet ange en démon. Son corps peu vêtu se laissait timidement apercevoir, dissimulé par une longue cape en peau de bêtes.

Cette cape était constituée de peaux de bêtes inconnues dans cette contrée, et Maximus reconnut aussitôt la pièce qu’il avait lui-même rapportée de bien loin, avant de l’offrir en cadeau. Sous la cape, on devinait des braies de couleur vive ainsi que la pointe d’un fourreau.

À égale distance entre les deux hommes, Cette déesse prenait les allures d’une statue en cuivre aux lueurs du foyer central tout proche. Elle regarda Maximus et lui dit :

« Je ne crains pas ton dragon ! Silius ne m’enverra pas rejoindre mon palais de glace au fond des lacs. Ce druide a raison, les dragons ne sont que des légendes. Demain, Ton Silius, ce Romain, ce soldat, ce guerrier, mourra comme beaucoup d’autres guerriers sont morts sur cette plaine. »

Le druide, subjugué par les paroles et la beauté de cette femme, se demanda de quels cieux pouvait bien provenir cette déesse. Puis il se souvint qu’en début de soirée, lorsqu’il s’était rendu dans la hutte occupée par Maximus, la demeure lui avait paru imposante. Mais dans la quasi obscurité, il n’avait pas tellement pu s’intéresser à son architecture. Assurément, il se trouvait dans une hutte de grande importance.

Maximus se leva et rejoignit cette beauté.

« Druide, je te présente Irin, mon épouse. Et comme tu le vois, son caractère et sa détermination n’ont d’égale que sa beauté. »

Irin prit la main de son époux et le fixa droit dans les yeux, sans prêter la moindre attention au druide. D’une voix douce cette fois, elle réitéra sa menace :

« Ton Romain mourra demain ! Lui et tous les siens si nécessaire ! »

Elle tourna légèrement sa tête pour saluer le druide, avant de lui dire, en guise d’explication :

« Je suis une commerçante, je négocie toutes sortes de marchandises pour contribuer à la prospérité de mon foyer, mais je suis également la fille d’un chef et une guerrière qui ne craint pas ni l’odeur du sang ni celle de la mort ! » 

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14 octobre 2014

la fleur rousse de la Déesse

Silius ! Elle revit ce jour, ou plutôt cette soirée, où Silius avait frappé à sa porte ici même, dans cette même demeure ou presque, ce même village. Dans cette maison ou il était venu à elle ! Elle sentait à nouveau son odeur, l’odeur d’un soldat qui a pris soin de lui, une odeur de parfum de fleurs d’orient. Elle était seule et lui avait ouvert la porte. Au dehors, c’était une longue et douce soirée de fin de printemps. Après une averse, une douche comme se plaisent à le dire les habitants de cette île. Le ciel déjà multicolore avait jugé bon de s’offrir un arc-en-ciel, juste au-dessus du village, comme pour couronner de laurier la tête du légat. Dans ce décor doux de pastel, pas une couleur vive ne venait heurter de si tendres cieux. Le Romain était entré, vêtu d’un grand manteau rouge qui recouvrait une tenue romaine luxueuse. C’était seulement la deuxième fois qu’Irin apercevait Silius, et la première fois d’aussi près.

En se remémorant tout ceci, Irin se souvint de la force, de la puissance, de cette grandeur qui se dégageait de ce légat ce jour-ci. Un nouveau flash lui rappela comment, dans la chambre, il l’avait dévêtue, lentement, avec volupté. À chaque vêtement qu’il ôtait, ses douces mains caressaient les parties du corps mis à nu. Ses lèvres l’effleuraient et y déposait des milliers de doux baisers. Pour qu’elle s’allonge en toute confiance, il lui avait pris la main en douceur et l’avait invitée à se coucher. Elle était nue et il prenait soin d’elle. Puis, il avait enveloppé délicatement tout son corps d’un doux parfum qu’il avait apporté. Elle se laissait faire, tant de douceur, tant de volupté l’envoutait. Elle ne cherchait point à cacher son corps sous une couverture, au contraire, elle exposait sa nudité. Elle offrait à ses mains, à ses lèvres, toute la douceur de sa peau.

Alors Silius lui révéla son corps d’Apollon. À genoux à ses pieds, nu, sa virilité en érection, il remontait de sa langue le long chemin des jambes fines et musclées de la douce. Le va-et-vient régulier entre ses cuisses la fit se cambrer. Ses cheveux sur le visage, la tête fortement appuyée sur le sol, ses mains agrippèrent la tête du demi-dieu. Elle avait cambré encore plus ses reins comme pour projeter son fessier au sommet de la hutte. Elle fraya un passage à la langue de Silius jusqu’à sa fleur rousse. Toute son intimité s’ouvrit dans un fougueux appel à pénétrer le sacré.

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12 octobre 2014

le vol du Dragon

*

Notre navire avait maintenant contourné la flotte pirate. Nous entrions à grande vitesse dans cette zone de combat. La mer était en feu. Nos autres navires profitaient du blocage des pirates assaillis par les coups de rostres pour déverser de l’huile sur le bateau ennemi aussi bien qu’à la surface de l’eau, La chaleur était étouffante. La fumée noire et épaisse dégagée par l’huile qui brûlait commençait à former un important nuage qui nous irritait la gorge et nous aveuglait petit à petit. Les matelots qui ne ramaient pas remontèrent des dizaines et des dizaines de seaux d’eau qu’ils puisaient en mer, se frayant un passage entre mes hommes et leurs boucliers qui bordaient le bateau. Ces matelots arrosèrent copieusement les voiles et le pont afin de lutter contre le risque d’incendie, car des tirs ininterrompus de flèches enflammées attaquaient la flotte romaine depuis les navires pirates. La scène à laquelle nous assistions devenait de plus en plus irréelle.

À la chaleur se mêlait maintenant des bruits venus de toutes parts, au loin les cris des hommes au combat, plus près les va-et-vient continus des matelots pompiers, et au niveau de l’eau le bruit des rames frappant la mer pour donner de la vitesse au bateau. Il régnait un véritable vacarme capable de faire céder à la panique même le plus valeureux des hommes. Des flèches non enflammées pleuvaient sur le navire, mes légionnaires qui n’étaient pas sur les bords du bateau se regroupèrent pour former la tortue face à notre corbeau.

À l’avant, Kayden et ses auxiliaires se protégeaient et préservaient surtout le cheval comme ils le pouvaient. Silius ne bougeait pas, les flèches semblaient l’éviter et celles qui le touchaient rebondissaient sur ca cuirasse. Soudain, la proue de notre vaisseau frappa le premier bateau ennemi qui nous barrait la route. Notre navire avança toutes voiles dehors, et malgré le feu, notre vitesse était telle qu’à bord nous ne ressentîmes presque pas l’impact du choc. Nous avions décapité l’ennemi d’un coup sec, lui sectionnant la proue sans même être ralentis dans notre élan. Je contemplai alors le piteux spectacle du naufrage de la pauvre embarcation : amputée de sa proue, sa poupe en feu bascula vers les abysses avant que les marins à bord n’aient le temps d’esquisser le moindre geste pour se sauver. Je les regardai disparaître dans les flammes, ou se noyer dans une eau devenue bouillante, hurlant, criant de mille douleurs.

Et moi, je me tenais debout au milieu du bateau, glaive et bouclier en main, pétrifié par ce spectacle PS_20141012164247qui se déroulait sous mes yeux, par la tournure que prenaient les événements. Mais il me fallut rapidement réagir. Je levai et abaissai mon glaive, pour donner l’ordre à une vingtaine de mes hommes d’appl

iquer les consignes du Dragon de déverser nos jarres d’huile dans une mer déjà flamboyante.

Notre course infernale se poursuivait. Peu après, me voilà projeté au sol. La plupart des hommes du bord étaient aussi à terre. Le choc avec le deuxième bateau ennemi avait été d’une telle violence qu’un énorme fracas s’était fait entendre. Sous la violence du choc, le mat de la voilure de proue se rompit net. Notre voile avant ne tarda pas à plonger dans la mer devenue un véritable brasier sous le tir fourni de nos catapultes. Instantanément je me relevai, et me mis à courir en direction de mes hommes et du corbeau. Cette fois, l’ab

ordage était inévitable, et il promettait d’être terrible…

Mais je dus stopper net, stupéfait. Pas question d’aborder qui ou quoi que ce soit, nous avancions toujours, nous poursuivions notre route dans cette enfer ! Le choc n’avait rien arrêté : emporté par sa vitesse, notre navire a traversé le bateau ennemi en le coupant en deux purement et simplement !! La galère pirate était littéralement sectionnée en deux, comme les morceaux débités d’une pièce de viande sous le couteau du boucher.

Mais il y avait aussi des dégâts parmi nous. Plusieurs de nos hommes formant la forteresse étaient passés par-dessus bord. Certains gisaient coincés dans nos rames toujours en action, les autres brûlaient dans le brasier. Quelques rames s’étaient brisées lors du coup d’éclat. Instinctivement il me vint une pensée pour notre navis magister. Je plongeai mon regard vers la cale et essayai d’évaluer les dégâts auprès des rameurs. P

uis je relevai la tête pour observer la situation alentour. Cette fois, l’huile en feu avait épaissi le nuage de fumée, il était difficile de voir jusqu’où s’étendait le combat ou seulement distinguer combien de navires étaient engagés. Seuls les feux follets que faisaient pleuvoir un peu partout nos catapultes perçaient cet écran opaque et illuminaient un peu le champ de bataille.

Soudain, je me souciai de la proue de notre vaisseau et constatai que la voilure avant, le mat et d’autres morceaux avaient disparu. Silius n’était plus là non plus ! Le Dragon avait bien pris sa place ! Il était devenu la proue du navire. Il faisait cabrer sa monture ébène, sa spatha à la main droite. Les auxiliaires en cercle tentaient toujours de le protéger de leur bouclier, mais les flèches ennemies avaient cessé de pleuvoir. K

ayden tenait fermement d’une main la corde qui le liait à l’animal, légèrement fléchi sur ses jambes, et un bouclier dans l’autre main. Nous avancions toujours aussi rapidement, quand subitement une vision effroyable surgit devant moi. En effet, alors qu’autour de moi se dissipait l’épaisse fumée, j’aperçus une liburne pirate en travers de notre course. Je n’eus point le temps de prendre ma respiration que déjà se produisit la spectaculaire collision : notre rostre éventra les cales de l’immense galère ennemie.

À l’instant même de l’impact, Silius fit sauter son cheval sur le navire ennemi, entraînant avec lui Kayden, toujours attaché. À vrai dire, ce ne fut pas un saut mais le vol en piqué d’un aigle qui s’abat sur sa proie.

À peine eut-il abordé que le Dragon se mit à distribuer des coups d'épée en tous sens sur l'adversaire plus rapide et plus nombreux qu'un essaim de frelons. D’un coup de sifflet, j’ordonnai aux matelots d’abaisser le corbeau. En quelques secondes, l’immense et large passerelle de bois s’abattit sur le pont adverse. Au son de mon deuxième coup de sifflet, les hommes toujours en formation de tortue se mirent à courir pour porter secours à leur général. Je me précipitai à mon tour au milieu de la mêlée. La poupe de la liburne était en feu, un de nos projectiles avait fait mouche. Nous progressions rapidement, et, même si la vaillance et la force des pirates à combattre me confortaient dans l’idée qu’ils étaient certainement des mercenaires, et pas de simples pirates côtier

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s, ils ne pouvaient rien face à l’entraînement et aux techniques de combat de mes hommes.

Nous n’étions à présent plus bien loin du Dragon, Kayden était toujours vivant, il n’avait plus de bouclier mais avait ramassé l’épée d’un de ces barbares et combattait toujours pour protéger le cheval. Mais, malgré l’acharnement de Kayden, du sang tachait la robe noire de la monture. Silius abattait toujours son épée sur tout ce qui se présentait à lui, décapitant, déchiquetant ainsi chacun de nos ennemis. Le sang éclaboussait l’armure du cavalier à chaque fois que son épée taillait et fendait dans la marée humaine. Il n’était plus le légat en armure brillant de mille feux, il était la bête immonde qui se repaît de ses proies.

L’arrière de la liburne était en flammes maintenant, nombre de ses pirates étaient désœuvrés. Quant à l’avant, qui avait pris l’eau à cause de notre rostre, il piquait du nez vers le brasier de la mer. Seul notre corbeau semblait la tenir à flots.

Je me tournai à nouveau vers notre général. Silius avait tranché le lien le rattachant à Kayden, et se mit à galoper à la poupe en feu de la galère pour dépecer de sa spatha le dernier survivant. Puis il cabra le cheval au milieu des flammes et montra à tous le corbeau, nous intimant l’ordre de retour.

La manœuvre de repli fut rapide et ordonnée. Le corbeau fut relevé lentement par nos matelots. À cet instant précis, le navis magister commanda aux rameurs le retour en arrière. Le rostre s’écarta lentement du flanc de la liburne, ouvrant ainsi la voie d’eau fatale en guise d’estocade finale.

12 octobre 2014

Enfer

La quinquérème avançait dans ces eaux plus vite que le plus rapide des poissons peuplant l’océan sans fin. Autour de nous, toute la flotte était maintenant en position de combat, et déjà nos premiers vaisseaux au front allaient au contact de l’ennemi. De leur puissant rostre, chacune de nos galères enfonçait la coque des vaisseaux pirates jusqu’aux cales.

De là, certains de nos navires déclenchaient une opération d’abordage. Les corbeaux s’abattaient sur les ponts des navires battant le pavillon à tête de mort, ce qui permettait aux légionnaires de combattre en ordre et d’user de nos techniques de combat terrestre. D’autres galères romaines en revanche, après avoir percé le flan du bateau pirate, inversaient la manœuvre afin d’ouvrir en se retirant une voie d’eau capable de couler sur place l’ennemi.

 

 

Sur notre navire, Silius, en selle sur son pur-sang noir, galopa à l’avant du navire, attrapant au passage l’enseigne de la neuvième légion que tenait pourtant fermement un légionnaire, soucieux de le protéger comme une mère protège son enfant. Arrivé à la proue du vaisseau, Silius cabra le cheval et brandit bien haut par trois fois l’enseigne sacrée, comme frappant le ciel de ce pilum géant. Plus au large, nos navires logistiques armés chacun de trois catapultes exécutèrent les ordres. Le geste de brandir à trois reprises notre enseigne sacrée était un signal de commandement clair : Silius avait ordonné aux catapultes de déchaîner les enfers.

 

Les machines de guerres alors lancèrent toutes ensemble d’énormes boules de feu, autant de projectiles en flammes et remplis d’huile qui devaient s’abattre sur la flottille pirate aussi bien que sur la zone de combat. Dans le ciel, on aurait pu croire à des dizaines, puis des centaines d’étoiles filantes dessinant une arche incandescente au-dessus de toutes les têtes avant de laisser leurs traînes de feu tomber sur les navires. Ces étoiles infernales semblaient se décrocher de la voûte céleste pour venir s'abattre sur la mer qu'elles transformaient en gigantesque brasier. Le feu confondait ciel et mer dans le rouge des flammes et le noir de la suie, et ce spectacle atroce et magnifique a brûlé la rétine de mes yeux à jamais.

 

Maximus, encore tremblant, cherchait à reprendre ses esprits avant de poursuivre. Il interrogea de nouveau le druide :

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« Druide, as-tu déjà entendu parler de cette secte qui honorerait un seul dieu ? Connais-tu ces hommes, ces chrétiens qui, bien que peu nombreux, arrivent à se réunir, souvent en se cachant ? Ils prétendent que nous serions les fils d’un seul dieu, un dieu d’amour. Ils disent que si le mal existe maintenant sur cette terre, c’est à cause d’un genre de demi-dieu qui obligerait l’être humain à se comporter de la sorte, par le moyen de ce que ces chrétiens appellent la tentation. Ce demi-dieu ou je ne sais quoi, les chrétiens le nomment Diable. Il vivrait soi-disant dans un endroit que l’on nomme les enfers, un endroit où nous devrions tous brûler pour l’éternité. Enfin, ceux qui ne sont pas chrétiens, ceux qui tuent, volent, et je ne sais quoi d’autre, ils les appellent pécheurs je crois.

Mais les péchés, ce ne sont que des actions que chacun commet un jour ou l'autre. Et puis ce demi-dieu, le Diable, doit tous nous brûler, et dans un feu éternel, un feu qui est sans fin et qui brûle tout. Si une telle personne existe, si ce Diable est vivant, alors ce ne peut être que Silius, le Dragon.

Oui, j’ai vu ces enfers, j’ai vu cet endroit où tout brûle et ce n’est ni dans les cieux, ni dans le ventre de notre terre. Ces enfers et ces flammes sans fin sont le champ de bataille de Silius. Ces enfers et ces flammes sont le passage du Dragon. »PS_20141007191025

Le druide, qui s’était tu depuis le début du récit de la bataille, prit la parole à son tour. Il n’était pas troublé par ce qu’il venait d’entendre, et au contraire le ton de sa voix laissait transparaître un certain agacement :

« Maximus, toutes ces histoires ne sont que des légendes, je suis certain que tu n’es pas aussi sot pour croire en tout cela ! Je ne doute pas que tu sais qu’il n y a pas de dieux. Qu’ils soient romains, celtes, ou même, comment dis-tu… ah, oui, chrétien, tout ceci est une invention destinée à accroître les richesses ou le pouvoir politique de quelques-uns. Quand ta fin arrivera, seul ton esprit continuera son chemin pour l’éternité, et parfois il se manifestera par des signes que seuls les druides transcriront. Après la mort, il n’y a pas d’endroit où l’homme est condamné à brûler à tout jamais, pas plus qu’il n’y a d’endroit où il est possible de boire et de jouir de jeunes femmes vierges pour l’éternité. La mort n’existe pas, c’est juste un passage pour continuer un flux sans fin, une transformation. C’est cela, la vie. Mais tout ceci est un autre sujet : reviens à ton récit dis-moi plutôt ce qui s’est passé sur cette mer et ce soi-disant enfer !

- Tu as raison Druide… Mais, j’y pense soudainement : pourquoi t’intéresses-tu tant à cette histoire ? Pourquoi veux-tu tout connaître ?

- Maximus, je suis druide. Je vais de village en village porter ma science et ma médecine au plus souffrant. Quand je suis arrivé dans ce village, une personne m’a confié que tu étais tourmenté. Je suis venu à toi, tu étais là, fatigué, tu m’as laissé entendre que cela faisait plusieurs nuits que le sommeil tardait à venir. Tu n’as accepté aucune de mes potions ! Comme si j’étais un empoisonneur ! Alors au bout d’un certain temps tu as accepté de t’allonger, tu t’es détendu et dans un demi-sommeil tu as commencé à te confier à moi. Souviens-toi, c’est bien toi qui m’a demandé attentivement de suivre ton récit. Et puis, si une personne doit me rôtir demain, j’aimerais connaître un peu mieux mon bourreau, surtout si je dois le combattre !

- Combattre ton bourreau ?! Écoute un peu, et tu sauras qu’il est inutile de vouloir le combattre. » Maximus continua alors son récit d’une voix grave, comme venue du lointain.

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Sur le pont du navire, aussi bien à bâbord qu’à tribord, les hommes avaient formé une véritable forteresse avec leurs boucliers. Notre vitesse était inimaginable. Les cris du navis magister aux rameurs étaient sans interruption « plus vite, plus vite ! » Les catapultes ne cessaient de tirer. Leurs tirs sur la zone de combat et sur la flottille pirate étaient pareils à une pluie de grêlons. Du haut de son cheval, à l’avant du bateau, Silius enfila son casque. Son visage disparut derrière ce masque et ce casque de dragon ! Le cheval ne cessait de se cabrer, Kayden toujours attaché à l’animal tentait de le calmer, en lui parlant.

Des auxiliaires, munis d’énormes boucliers, s’étaient postés en cercle tout autour de cet attelage, ils tentaient de le protéger. Sous ce masque et dans cette armure Silius n’était plus Silius. Silius était le Dragon. Et le Dragon est précisément ce que n’est pas l’homme Et L’homme est forme et esprit, il est un corps de chair habité par des sentiments, des pensées, une conscience. Mais le Dragon n’est plus forme et esprit. Il n’est plus de chair et de sentiments. Il n’est plus que métal et devoir. Le dragon n’éprouve ni désir, ni sentiment. Toute crainte, toute peur lui sont étrangères. Le Dragon se moque du bien ou du mal. Seule la loi de cause à effet compte pour lui. Vraiment, le Dragon n’a plus rien de ce qui nous rend humain. Même son cheval a plus d’humanité que lui ! Il n’est ni humain, ni végétal, ni animal. Et c’est parce qu’il échappe à toute définition, qu’il n’appartient à aucun règne du vivant, qu’il n’est limité ni par la chair ni par l’esprit qu’il devient pleinement le Dragon. Alors, comment vas-tu combattre un bourreau inexistant ? Comment pouvons-nous tuer ce qui n’est pas ? Nous autres les hommes, nous perdons notre dignité d’exister à cause de l’indifférence que nous montrons les uns à l’égard des autres, à cause de notre ignorance volontaire de la souffrance de notre semblable. Par notre manque d’empathie, certains seront disqualifiés, ils deviendront invisibles aux yeux de tous. C’est ton humanité qui t’a porté vers moi afin de m’offrir un peu de réconfort, et stopper mes tourments. Ce n’est pas que par intérêt que je suis devenu Erween, il y a de l’amour, un sentiment fort pour ce peuple auquel je me suis attaché, auquel je me suis intégré. Silius a fait le chemin inverse : il était instruit, il connaissait l’amour, il comprenait mieux que quiconque l’être humain. Il était un légat, fort beau, intelligent, un avenir pour nous tous. Le Dragon l’a tué ! Il a pris sa place, comme dans ta magie !

 

Maximus marqua une pause, il était éprouvé par ce qu’il venait d’expliquer. Son visage paraissait vieilli, creusé par une fatigue morale. Il se ressaisit pourtant en relevant vigoureusement la tête, et poursuivit son récit de l’attaque pirate avec ardeur.

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  • Ce blog est le guide du roman historique HIBERNIA. Je vous propose au travers de ce blog,une fabuleuse histoire dans l'empire romain d'Aquicum (Budapest) sur le Limes, jusqu'au porte de la mer sans fin Hibernia ( Irlande).
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